dimanche 8 février 2009

Plus fort que la haine , Tim Guenard .


Agé aujourd‘hui de 51 ans, marié, père de 4 enfants, Tim Guénard nous livre à travers son autobiographie le récit poignant d'un enfant perdu. Le message d'espoir d'un homme blessé qui croit en la capacité de l'amour et du pardon.

Plus fort que la haine est le témoignage frappant d’un homme qui revient sur une enfance douloureuse et meurtrie.

Abandonné à 3 ans par sa mère « j’ai trois ans et ma mère vient de m’attacher à un poteau électrique sur cette route de campagne qui ne mène nulle part.» il sera recueilli par son père dont il ne connaitra qu’une extrême violence au point d’être plongé dans le coma. La mâchoire brisée, les jambes en morceaux, il passera alors deux longues années au sein d’un hôpital. Tim quitte ensuite l’ambiance aseptisée de l’unité médicale pour la DASS. Petit garçon de 6 ans au corps et au cœur cassés, cabossé à l’extérieur comme à l’intérieur, que personne ne propose de recueillir.

A 8 ans il se trouve enfermé entre les murs d’un hôpital psychiatrique dont il sortira à l’âge de 9 ans pour être placé chez une nourrice. Les maltraitances se répètent, coups, humiliations, et un nouveau séjour à l’hôpital. Retiré de cette famille de non accueil Tim est alors confié à une autre famille où il trouvera enfin le regard tendre d’un homme exigeant mais bon. Accusé à tort d’avoir déclenché un incendie il quitte ce havre d’amour et de paix et est envoyé en maison de correction.
Durant deux ans Tim subira les humiliations et les outrages de ses compagnons puis les coups et le mépris des éducateurs. Il subira leur violence, violence que lui aussi exprimera. « Je le regarde pleins phares dans les yeux, je saisis ma fourchette et je la lui plante dans la main. L’enfant trouillard que j’étais devient un fauve.[…] Je ne veux pas délivrer ce fumier. Je jouis de sa douleur.[…]Les éducateurs me ceinturent et m’administrent une dérouillée au sol, mais les coups ne m’atteignent plus. Je suis vacciné depuis ma « plus tendre enfance » comme on dit. ». L’enfant qu’il était ce révolte et devient un redoutable compagnon. Il rejoint alors la section C « les durs de durs ». Benjamin de cette section où les éducateurs sont calmes il reçoit des autres garçons un accueil fraternel. Après une énième bagarre déclenchée par ce qu’il appel alors de « faux frères » Tim parvient à fuguer de cet enfer.

Libre. Oui enfin libre, mais Tim ne connaîtra pas pour autant la tranquillité d’un
enfant de 12 ans. La vie dans la rue est rude et il doit apprendre à se débrouiller, à survivre. A 12 ans il est violé par un homme qui dit vouloir l’aider. A 13 ans il se fait braqueur de prostituées. A 14 ans il devient gigolo. Il découvre la perversité de certains milieux mais aussi l'entraide entre les plus pauvres et l'amitié vraie.
Puis les choses commencent à s’arranger, la rue Tim l’a apprivoisée. A 15 ans il trouve un petit boulot et rencontre Monsieur Léon, cet homme il le retrouvera chaque jour, avec lui il refera le monde et partagera ses galères. A la mort de celui-ci il est épinglé par la police et est de nouveau envoyé en maison de correction mais cette fois-ci le directeur refuse de le reprendre.

Une jeune juge pour enfant décide alors de lui donner sa chance et le fait engager comme apprenti tailleur-sculpteur de pierre auprès des Compagnons du Devoir. Tim s’investit dans sa tache et en deux ans décroche son CAP. Il sort premier et est également le plus jeune diplômé français. A 16 ans Tim découvre le monde de la boxe. Il apprend à canaliser sa violence dans ce monde où le respect, l’humilité et la rigueur priment. Tim est un boxeur hors pair, et cultive secrètement l’espoir de pouvoir un jour envoyer son père au tapis. « Moi l’enfant sans nom, on se presse pour être mon ami […] J’ai gagné la tendresse à la force de mes poings. »

A 18 ans il rencontre Jean-Marie. Fervent croyant il ouvrira Tim à la religion chrétienne et au monde des handicapés physique et mentaux. De fil en aiguille, de rencontre en rencontre, Tim se reconstruira et donnera tout son temps à ces êtres différents qui lui apportent tant. Il restera un an en Belgique dans le foyer de l’Arche à travailler en tant qu’éducateur, puis reviendra en France où il continuera à se consacrer à la religion et aux handicapés.
Tim a pardonné à son père, il a trouvé la force de changer et de donner aux autres tout ce qu’il n’a pas reçu. Se livrant avec sincérité Tim Guénard fait de ce livre un message d’amour et d’espoir ouvert à l’humanité.

Le rôle de la société:
Source de malheur comme de bonheur la société a joué un rôle important dans la vie de Tim Guénard. Il suffit parfois de tomber sur la bonne personne pour trouver son chemin. La société lui aura mis des bâtons dans les roues, enfant et adolescent malheureux il trouvera quand même, grâce à certaines mains tendues, la force de revenir vers la lumière. Une société rarement solidaire, qui se contente de regarder le malheur sans l’affronter. Il aura été bien plus facile pour nombre d’entre eux d’associer Tim à l’état de petit délinquant plutôt que de l’écouter et de tenter de l‘aider. Un pied de nez à tous ceux qui n’ont pas cru en lui.

Ce livre reste pour moi un magnifique témoignage d’amour et d’espoir. Un livre frappant, émouvant, qui nous ouvre les yeux sur certaines réalités de la vie et qui nous permet de prendre conscience que rien n’est jamais perdu.

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